La taverne de la Bagrutte m'avait servi de refuge, mais j'avais mal dormi. La nuit avait été bouleversée par la violence du dieu iop.
J’annonçais la veille, lors du repas du soir, mes fiançailles avec un gentil sram que je côtoyais depuis deux ans déjà, mais mon père n'accepta pas. D'après lui, tout cela était ridicule, les gens se moqueraient de nous. Un sram et une eniripsa, ça ne forme pas un couple harmonieux. La vraie raison est que mon grand-père fut assassiné par un sram, et mon père les détestait donc tous. Il entra dans une colère noire, une colère que ni ma mère ni moi n'avions vu auparavant. Les meubles commencèrent à voler à travers la pièce principale, mon père ne se contrôlait plus. Aveuglé par la rage et par la rancoeur, il dégaina son épée. "ATURIA !!! CACHE TOI !!!" hurla ma mère. Mon père s'attaqua à son futur gendre, et de toute sa puissance, il enfonça la lame tranchante dans le corps de mon amant. La colère de iop qui avait envahi mon père était à son comble. Ma mère, effrayée, ouvrit la fenêtre pour s'enfuir. Le démon qui n'était plus mon père l'en empêcha, et l'empoigna par le col. Ma mère me regarda, je compris à travers ses yeux que c'était ma dernière chance de fuir. D'un bond, je me précipitai sur la porte et quittai la maison familiale à toute vitesse, sans me retourner. Il fallait que je quitte la Milifutaie au plus vite.
J'ai couru pendant plusieurs heures sans m'accorder de pause, craignant qu'il ne me rattrape. Epuisée et à bout de souffle, je continuai mon périple dans la nuit en ralentissant l'allure, lorsque mon regard se posa sur les lumières très lointaines d'une grande ville. Je continuai de me rapprocher de l'immense cité, exténuée. Arrivée dans la majestueuse Bonta, je pris le chemin d'une taverne et y passa la nuit. C'est comme ça que je me suis reveillée au petit matin, entre deux écaflips jouant encore aux cartes et un bwork qui vomissait dans un coin. Je réglai la note, et décampai. Au détour d'une ruelle, en arrivant sur la place marchande, je remarquais un vendeur de journaux. "Edition spéciale : massacre à la Milifutaie !!! Edition spéciale !!!" Je tendis un kama au jeune garçon et lu l'édition. "Hier, aux alentours de 19:00, un père de famille tue de son épée sa femme et un sram à l'identité encore inconnue. En regagnant ses esprits, il semblerait que le malheureux se soit suicidé, apparemment horrifié par son geste. Les enquêteurs tentent de découvrir le lien de parenté entre le Sram et le couple Iop-Eniripsa. Consultez l'édition de demain pour en savoir plus." J'étais horrifiée. Je m’effondrai en larmes sur le trottoir, déchirant de rage le quotidien.
"Tout va bien mam'zelle?" Le milicien me dévisageait.
"Ou... oui, ça va..
- Ah, vous voyant pleurer, je me suis dit que vous aviez peut être besoin d'un coup de main...
- Non, c'est aimable, mais je crois que je vais rester la encore un peu.
- Je ne peux rester, c'est dommage. J'aurais aimé vous consoler, mais le devoir m'appelle. Encore un cambriolage, vous savez ce que c'est. Bonne journée mam'zelle !"
C'était le déclic. Le soir même, je m'entretins auprès d'Amayiro pour devenir milicienne. Je voulais que d'autres profitent de la protection que je n'avais pas pu avoir. Je voulais aider les autres, me mettre au service du bien. Le temps passa et cicatrisa peu à peu mes blessures. La milice bontarienne est devenue ma famille.